Taliaros et son Rôle dans la Guerre Civile

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Taliaros et son Rôle dans la Guerre Civile

Taliaros est la partie la plus occidentale de Voio profondément situe dans les ravins de Pindos du Nord. Sa ligne principale commence d’Eptachori et aboutit entre Dotsiko et Kalloni, mais une des ses branches atteint au sud Vasilitsa et les villages de Ziaka. C'est une montagne particulièrement allongée qui a le même air partout avec ses pentes abruptes, continues, incurvées, comme un énorme serpent coincé entre les grandes chaînes de montagne. Sa largeur est petite, mais sa longueur dépasse les 20 km. Thanasoulas est le nom de son sommet à 1547 mètres d’altitude. Il sert de liaison entre Voio et Smolikas et à cause de sa présence la géomorphologie complexe de la région est d’autant compliquée. Il s'étend parallèlement à la partie inférieure de la ligne principale de Voio, au sud d’Elias de Zoupani. À partir de Taliaro prennent leurs sources quatre cours d’eau. Sur son côté oriental coule le cours d’Eptachori et celui de Kapsalia aux sources thermales situées sur l’emplacement surnomé Bains de Pentalopho ou Bains de Katsika. Plus bas, Kapsalia forme l’affluent de Paliomagero, c’est le plus grand affluent qui conflue dans la rivière Pramoritsa. Sur ses côtés de l'ouest prend sa source du nord Venetikos et le cours d’eau de Zouzouli aussi, qui conflue dans la rivière Sarantaporos. Taliaros à cause des vastes forêts de hêtres, de sapins et de pins et de sa position isolée, loin des bourgs et des réseaux routiers sert de refuge pour les animaux sauvages comme l’ours, le loup, le sanglier et le cerf. Il est tout recouvert de forêts mixtes, en offrant un paysage magique, surtout en automne quand la montagne prend plus de dix nuances de couleurs différentes. Les habitants de la région appellent Taliaro tout lieu sauvage, peuplé toujours d’une grande densité.

Il est traversé verticalement par le sentier europeen E6, qui unit Pentalophos au pont de Zouzouli, mais par plusieurs endroits, il est disparu dans la végétation dense. Au passé assez lointain, il y avait ici un beau petit village, Tseros, situé près de Dilofo, mais il n'a pas pu sauver de la fureur des envahisseurs. Ses anciens habitants persécutés se sont refugiés à Dilofo et à Krimini. Aux pieds de Taliaro survit le Monastère de Saint-George et le temple de l'Assomption, deux monuments d'art unique. On peut y accéder facilement et admirer le côté occidental sauvage de la montagne à travers la route nouvelle qui veut unir Eptachori à Dotsiko.

L'emplacement de Taliaro s'est avéré idéal pour abriter pas seulement sa vie sauvage, mais toute une armée aussi. Ici, comme à Elias de Zoupani avait organisé la ligne de défense de l’Armée Républicaine dans les années noires de la Guerre Civile Grecque, car ces deux montagnes dominantes de Voio s’unissent en bloquant la route vers Grammos. Une brigade entière, composée d’une force de 600 hommes y avait campé, dont la première moitié se trouvait sur le col de Lykokremasma, le chemin unique pour Eptachori, et la deuxième sur les collines de Dotsiko. Elle restait invisible dans les forêts denses de Taliaros. Pourtant malgré la fortification forte, la défense ne pouvait plus resister à la pression et et elle a dû quitter Taliaros le 2 Juillet 1948 après une bataille violente. Depuis, il reste un endroit isolé, sauvage et inconnu, presque vierge de toute activité humaine, en cachant bien dans ses entrailles les mauvais souvenirs de cette guerre tragique. Tout autour il y a encore les signes des tranchées des mitrailleuses, les arbres debranchés et les fossés qui avaient ouvert les bombardements des avions et les obus.

 

En Septembre '49 les élèves des grandes classes de l'école primaire de Pentalophos, nous sommes montés dans des véhicules militaires qui nous ont emmenés sur l’emplacement '' Trois Alonia’’, audessous  Taliaros, pour suivre les travaux de la route  publique qui était en train de se construire et qui allait  unir Pentalofo  à Eptachori. Une brève référence s’est faite sur les  batailles féroces de l'été dernier qui ont eu lieu sur ces collines. Le son des mitrailleuses et des explosions d'obus n’était plus qu’une mémoire pour nous. Nous admirions du  paysage magnifique. L’air parfumé de la résine de conifères caressait notre visage. On s’est delectés. Nous sommes  passés par  la fontaine et nous avons bu de l'eau froide avec notre poignée. La grandeur de la nature et l'absence de personnes a rendu  forte la présence de Dieu. Pour nous, les enfants de la guerre, ce voyage a été quelque chose de spécial.

Extrait du livre'' Un Village dans la guerre civile''